Coup de feu dans la nuit en comptant les étoiles

Coup de feu dans la nuit en comptant les étoiles

Ce qu’il y a de bien avec la Nouvelle Année 2016 c’est que pour une fois on n’aura pas l’impression d’avoir exagéré en matière de bons petits plats et d’alcool. Car de toute façon on aura traversé l’année 2015 en ayant une gueule de bois permanente : il est vrai que de janvier à décembre, de massacre en massacre, d’augmentation du chômage en agitation régionale, l’actualité aura été un peu lourde à digérer. Dans ces conditions ce ne sont pas quelques verres de plus, quelques plats un peu lourds supplémentaires qui changent fondamentalement la donne.

Cela a des avantages. Ainsi pourra-t-on éviter des justifications gênantes.
– Oh là ! tu en tires une tête… J’en connais un qui a trop picolé le 31…
– Pas du tout… J’ai juste relu un bilan des news de l’année passée.

Évidemment les charmants personnages en bleu au bord des routes qui font souffler dans des alcootests au sortir de notre Auberge préférée risquent de ne pas être convaincus qu’un résultat positif puisse découler de la simple lecture d’un journal, mais bon, on ne peut pas gagner à tous les coups non plus. A chaque amateur de Bonne Table de s’organiser, bref de se trouver un chauffeur. S’il n’en a pas, qu’il devienne ministre comme tout le monde.

En tout cas, quand on y songe, le fait de planter le décor de la Cop 21 écologique juste après les événements terribles de novembre prend si l’on peut dire une saveur particulière ; on y est venu s’inquiéter de la surchauffe du climat, on se dit que la surchauffe de cervelle de certains hystériques aurait mérité encore davantage cette Cop 21. Cela étant le terme de cervelle dans ces cas-là est sans doute d’une ambition démesurée. Même celle de veau ou d’agneau que les Chefs nous concoctent avec talent dispose sans doute davantage d’une aptitude à penser, à créer ou à aimer.

Alors qu’attendre de 2016 ? Eh bien après une Année 2015 décidément indigeste, que l’on profite d’une sorte de « trou normand », bref une pause dans les catastrophes ; les Chefs nous proposent souvent ce « trou normand » lors de nos agapes chez eux, il serait de bon ton que l’actualité ait les mêmes prévenances : moins de violence, assurément, moins de stress, d’agitation vaine, un peu moins de chômage et de misère… faut-il continuer ? Hélas, la liste relève moins de vœux pour la Nouvelle Année qu’une persistance dans la croyance au Père Noël.

Alors désespérer ? Assurément pas…

Renoncer à attendre monts et merveilles de 2016, sans doute, et se concentrer, plus que jamais sur toutes ces petites choses, ces choses de rien du tout, qui sont pourtant « les choses de la vie » comme dit fort bien Guimard – est-il de plus beau livre ?

Passer quelques heures de plus devant son piano ? Bien sûr… Se décider à ouvrir enfin ce livre dont on repousse sans cesse la lecture ? Évidemment… Se promener la nuit, le nez en l’air pour compter les étoiles ? Ça va de soi… Papoter, des heures durant, tous les deux, surtout si l’on n’a rien à se dire ? Une évidence…

Et puis pousser une fois encore, une fois de plus la porte de son Restaurant favori. Ce plat-là, qu’on n’a jamais goûté, c’est le moment de le découvrir…

Car, après tout, le seul Coup de Feu que l’on supporte encore, oh combien !, n’est-ce pas justement celui des Cuisines de Restaurants et de leurs Chefs ?

Martin Brem – Des cours de français au coaching orthographe et expression écrite, en passant par ses activités de « plume », d’écrivain ou de chroniqueur livres  : rien de ce qui concerne le plaisir des mots ne lui est totalement étranger…